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G.Bantock

 

 

1)      Combien de mondiaux IOM as-tu disputés ? Tu as fini 16ème en Croatie cette année, des commentaires?

 

Je les ai tous disputés excepté à Vancouver, en 2003, où j'étais en traitement pour une leucémie, cela aurait été trop dangereux pour moi de voyager, à cette époque.

Cela fera donc 13 mondiaux si je compte bien.

Mes 4 derniers résultats me placent entre 10 et 20ième, je suis donc plutôt régulier compte tenu du fait que je ne coure pas assidument en IOM. Je mentionnerai plus loin l'importance qu'il y a de courir régulièrement contre des adversaires de son niveau.

 

2)   L'âge peut devenir notre pire adversaire… Le niveau général en compétition internationale     devient de plus en plus élevé?

Je reste persuadé que le niveau global des bateaux et la navigation des meilleurs d'entre eux s'améliorent. On ne peut attendre autre chose d'une classe si populaire et si disputée qui  murit.

C'est intéressant d'entendre le témoignage de coureurs qui se plaignent d'avoir du mal à arriver à courir à leur niveau "normal". Il semblerait que je ne sois pas le seul à me bagarrer pour arriver à mon niveau antérieur. Mais si d'autres coureurs ne pouvaient atteindre les sommets au fil du temps, la compétition deviendrait très ennuyeuse.

 

3)      Que préfères-tu? Naviguer ou dessiner?

Je me considère d'abord comme un dessinateur, pas seulement de carènes, mais de tous ces aspects du bateau qui le rendent efficace, opérationnel et amusant à dessiner et à fabriquer.

"Faire simple c'est mieux", voilà ma devise.

C'est intéressant et stimulant de pouvoir s'impliquer dans un projet complet allant du dessin à la fabrication d'un bateau. Il n'y a que peu ou prou d'architectes qui ont ce privilège. Comme vous le savez, SAILetc ne fabrique plus de coques ni de bateaux et je regrette vraiment l'opportunité que j'avais de lancer la production d'un bateau complet. Mais il y a tant de défis à relever sans être directement concerné par une carène et sa fabrication… La voile est certainement plus amusante avec des bateaux que l'on peut fabriquer rapidement face à nos concurrents! (On réagit plus vite à la nouveauté)

 

4)      Quand avez-vous commencé à dessiner votre propre IOM et dans quelles circonstances?

Le premier dessin a été un double bouchain appelé "RHYTHM". En 1987, avant que la classe des IOM ne soit devenue ce qu'elle est aujourd'hui. En 1988 nous  avons réalisé une coque "en forme" de ce même dessin appelé "JAZZ". Elle a plutôt brillé, au début de l'IOM, au Royaume Uni.

Par les temps qui courent je fais un dessin quand un constructeur veut mettre en chantier un de mes plans, bien qu'en ce moment ils ne soient pas très nombreux.

Je travaille sur un dessin pour impression 3D que je voudrais utiliser lors du prochain continental Sud Amérique, l'année prochaine (Si je suis sélectionné). Il devrait, je l'espère, pouvoir être imprimé par toute personne disposant de l'imprimante 3D adéquate.

 

5)      Le Britpop de Brad Gibson a eu un succès international très longtemps, comment l'expliquer?

Comme beaucoup d'autres bateaux avant lui, le Britpop est un ensemble bien conçu, on dira une "solution" qui marche bien avec tous ses utilisateurs. Des bateaux comme le TS2 de Craig Smith en IOM ou le SKALPEL de Janusc Walicki, en classe M, sont de parfaits exemples aussi de ces "ensemble /solution" qui marchent.

 

6)      Les nouveaux dessins : diriez-vous que l'AKSIOM est un meilleur bateau que celui dessiné antérieurement et pourquoi?

 

Il est moins extrême que mon dessin d'avant, le "FRAKTAL", il est polyvalent. Il semble avoir un plus sur d'autres bons bateaux, au portant dans la brise. J'ai remarqué cet avantage lors du dernier jour au dernier championnat du monde et j'ai même été étonné de son excellente vitesse au près. Ma journée n'a été gâchée que lors de la dernière manche, où j'ai pris un sac plastique!

 

7)      Penses-tu que des K2, V11 ou Venti puissent être un peu plus rapides? (En tenant compte du niveau des vainqueurs au général?)

C'est une bonne chose qu'un autre architecte/concepteur produise un bateau gagnant au dernier championnat du monde. Le "Venti" barré par Romain Dubreuil marchait visiblement fort et olivier en a profité. C'est un nouvel excellent ensemble.

C'est évident que les barreurs qui obtiennent les meilleurs classements dans les plus grandes régates sont ceux qui naviguent régulièrement avec des coureurs locaux de leur niveau. Cela donne toujours des avantages sur le pilotage du bateau, la connaissance des règles, le partage  des meilleurs pilotes en matière de tactique et de stratégie. Il y a très peu d'exemples de coureurs qui ont brillés sans l'appui de bons concurrents de sa région.

La vitesse d'un bateau, avec ses meilleurs réglages, pourrait aussi progresser selon ces critères. Ce serait irréaliste de comparer le potentiel de "l'AKZIOM" ou de n'importe lequel des dessins IOM, aux nouveaux plans gagnants, sans prendre en compte ce raisonnement.

 

8)      Comment conçois-tu les dessins de tes IOM? (Quels sont les critères les plus importants? Le profil des appendices? La surface mouillée? Le poids de la coque? Sa raideur, la puissance du bateau? Son aérodynamisme? Etc…)

Tous ces critères jouent leur rôle mais c'est l'équilibre entre eux qui déterminera les qualités du bateau au final. J'ai toujours été étonné de l'importance que les coureurs portent à la carène alors que son poids dans les performances du bateau est sans doute de l'ordre de 20%! (Chez les IOM)

 

9)      Est-ce que tu dessines avec un logiciel et un nombre de Reynolds adéquat pour comparer les VPP de tes projets?

La trainée avec un nombre de Reynolds faible est encore peu connue, voir travaillée, et les analyses actuelles sont donc peu fiables. On pourrait faire des progrès en développant de nouvelles carènes, mais il est probable qu'un travail sur le dessin des appendices donnerait des résultats plus rapides.

 

10)   Penses–tu qu'un bouchain bien dessiné, avec le bon angle à la gîte, puisse rendre un IOM plus raide ou plus rapide qu'un autre, à largeur de flottaison maxi équivalente?

Les mesures de la stabilité statique d'une carène sont bien connues. Comme toujours, quand un progrès s'opère en Aéro ou en Hydro, c'est au détriment d'un autre. Comme je l'ai dit plus haut, les différents facteurs se contrebalancent pour donner un résultat final.

 

11)   L'avenir de l'IOM (De la VRC aussi)

Penses-tu que nous aurons des bateaux plus rapides dans les années à venir? (Meilleurs dessins?)

Bien sûr, oui. Mais le rythme de progression devient beaucoup plus lent qu'il y a 20 ans. Cela rend plus difficile le fait de savoir qu'un nouveau dessin est vraiment une évolution. Si tous les "IOMistes" locaux changeaient leur bateau, ou leurs appendices ou leurs voiles, pour un nouveau bateau, ils obtiendraient sans doute les mêmes classements et battraient leurs concurrents locaux. Mais ils pourraient s'apercevoir qu'ils ont perdu en vitesse sur une flotte de mondial. C'est important que les meilleurs barreurs ne changent de bateau que progressivement, pour éviter de tomber dans ce piège.

Quel axe principal de recherche pourrait être le plus efficace en ce sens?

Une soufflerie et des données de dynamique des fluides "numériques" avec des nombres de Reynolds appropriés seraient très utiles.

Penses-tu que des matériaux autres que le Polyéthylène pourraient faire progresser la fabrication des IOM? (Bois, aluminium, nouvelles résines telles l'EliumR d'Arkema?) Y-a-t-il des recherches en ce sens?

Il semblerait improbable que d'autres résines ou plastiques puissent apporter des gains importants sur les matériaux existants. Ce sont les renforts à base de fibres qui constituent majoritairement le poids et la solidité d'une coque.

Que dire des IOM imprimés en 3D?

Construire une coque selon des méthodes classiques demande de très bonnes compétences… Il faut investir dans de l'outillage et y passer beaucoup de temps. Heureusement, on arrive à un bon poids minimum de coque nue avec l'impression 3D. Cela devient viable.

Des souhaits d'évolution de la jauge IOM ?

Ce qui rendrait la classe attractive à l'avenir serait d'autoriser les coques 3D à courir "en toute équité". (J'entends par là une même rigidité par rapport à son poids, comparée à une coque stratifiée)

Cela nous permettrait de fabriquer des coques toutes aussi compétitives tout en permettant d'en multiplier les prototypes.

 

12)   Quel est l'avenir de SAILetc ?

Ces dernières années notre travail a été bien plus facile à gérer pour Lorna et moi. On a disposé de plus de temps pour profiter de la vie. Lorna peut maintenant disposer de la majorité de son temps en temps que pasteur de l'église locale, ce qu'elle aime et ce pourquoi elle est vraiment faite.

Mon travail se réparti entre la gestion technique, l'évolution des dessins et la communication entre les clients et les fournisseurs, voir quelques fabrications. La vente par internet et l'ensemble de la production sont gérés par trois belles personnes qui travaillent à temps partiel. J'apprécie beaucoup  de gérer SAILetc, nous sommes appréciés de nos clients, et de tous ceux qui  travaillent içi. Je n'ai donc pas de pression pour fermer ou vendre ce business.

Mais c'est évident que nos clients en Europe trouvent de plus en plus difficile et cher d'acheter nos produits, depuis le Brexit. L'Europe est la principale destination de nos produits, comme nous n'avons pas de grossiste en Europe pour le moment, ce serait logique de déplacer nos affaires en Europe à l'avenir. Ce pourrait être une éventualité que d'aucun pourrait étudier?

Zvonco, Interview du 25/11/2019 depuis le Brésil

 

 

Q1: Où es-tu né et quand?

A Split, en Croatie, le 01.01.1983

Q2: Dis-nous quelques mots sur ta famille et ses origines?

Nous sommes de Split, en Croatie. Je suis la 17ème génération née à Split et vivant à Split. C'est une ville très ancienne développée depuis le palace d'un ancien empereur Romain (NDLR : Dioclétien).

Q3: Et tes études?

Je suis architecte naval

Q4: Quand as-tu commence la voile grandeur? Quels types de régates as-tu disputées? Sur quels bateaux? Des victoires? Est-ce que tu cours encore?

J'ai appris la voile au Club de Voile Zenta, en Optimist puis je suis passé au Laser et aux quillards. J'ai aussi passé deux ans comme skipper d'un Volvo 60 en Croatie. La chose dont je suis particulièrement fière, c'est que suis le seul qui ait réussit jusque-là à défendre un titre mondial en IOM, cela prouve bien que notre classe est la plus compétitive en voile radio commandée. Avec trois titres mondiaux et un Européen, j'ai de grosses responsabilités et une motivation renouvelée pour travailler sur les performances du bateau, nous aimons bien innover chez Sailboat RC. Voici quelques-uns de mes meilleurs podiums et résultats, la liste en est longue, mais ce sont les plus significatifs: 1 er - IOM World Championship, Barbados (BAR) 2009, Pierrelatte (FRA) 2017, Porto Alegre (BRA) 2019 1 er - IOM European Championship, Rogoznica (CRO) 2018 2 nd - IOM European Championship, Cres (CRO) 2012 3 ème - IOM World Championship, San Francisco (USA) 2015 3 ème - International Marblehead class World Championship, Fleetwood (GBR), 2006 3 ème - IOM European Championship, Pierrelatte (FRA) 2010. 1 er - IOM Croatian Championship 2004, 2006, 2008, 2010, 2013, 2014 and 2016 1 er - IOM Malta Championship 2015. 1 er - IOM Great Britain Championship 2010. 1 er - JOD 35 (Mono fleet, Keelboat, skipper) Croatian Championship, 2003 et 2006. 1 er - ORC Croatian Championship (Andela X) 2012, 2013, 2014 2

Q5: Quand as-tu commencé la VRC ?

C'est quand Ante Kovacevic m'a donné son bateau après le championnat du monde à Omislaj, en 2001. On peut dire que c'est un peu mon mentor de club, en voile

Q6: Quel en a été le déclic?

J'ai toujours aimé le côté technique de la voile. Il y a plein de zones potentielles d'amélioration sur la coque, les voiles, la quille, les masses, l'électronique… De rassembler tout cela en une seule entité c'est un peu comme un danseur dans un ballet… La synchronisation doit être totale, chaque petit détail doit être abouti, c'est la devise que l'on s'applique pour le Kantum 2, c'est toute notre philosophie au sein de l'équipe de Sailboat RC.

Q7: Quels types d'autres bateaux as-tu barré avant ou après l'IOM?

Je ne navigue qu'en IOM. (Je n'ai fait qu'un championnat du monde de Marblehead à Fleetwood avec un bateau qu'on m'avait prêté, et j'ai fini 3ème, et un en DF65. Mais l'IOM est ma passion principale, la classe se développe de façon étonnante, les gens sont sympas. Il semble aussi que ses membres soient écoutés et que cela lui attire plus de gens et qu'elle grandisse sainement.

Q8: Quand as-tu commencé à dessiner tes propres bateaux et pourquoi?

J'ai commencé à dessiner des bateaux avec Robert Grubisa, après le championnat du monde de West Kirby, en 2011. Le Pikanto que j'utilisais et que j'avais fabriqué à l'époque n'était pas assez rapide face aux nouveaux plans, et j'ai alors commencé à noter plein de voies d'amélioration et de réflexion dans cette problématique.

Q9: Le Kantun 2 Pour toi quel est son plus face à des bateaux de sa génération ? (Brit et V11)?

Le bateau RC Kantum 2 a été construit avec des technologies dernier cri pour être facile à barrer et sans surprise, avec de la vitesse et aussi une très bonne réactivité aux virements et aux empannages. On a voulu avoir un bateau de très bonne qualité qui puisse être barré par un propriétaire de n'importe quel niveau, une sorte de bateau très "ouvert". On a donc réalisé un guide de prise en main du bateau qui va bien quelle que soit la météo, mais vous pouvez recevoir des guides de réglage de plus haut niveau. Sur ces bases, vous pouvez progresser, jusqu'à arriver à atteindre des vitesses et des manœuvrabilités dingues! Mais pour y arriver, c'est la performance qui est la clef de tout. Le K2 atteint cet objectif. Je pense que nous pouvons affirmer tout cela de manière certaine maintenant. 3 Est-ce que tu as travaillé la répartition des masses, de nouvelles lignes, de nouveaux profils de safran et de quille? Il y a toujours des développements en cours. Pour le moment on va faire une petite pause sur les lignes du bateau telles qu'elles sont depuis quelques années. L'objectif c'est de travailler le safran et la quille, puis le gréement et les voiles aussi. Toutes les améliorations, quand elles seront prêtes à la production, pourront être appliquées aux K2 actuels. Nous les ferons paraître dans les medias sociaux et bien sûr dans www.sailboatrc.com "La" question sur le Kantun 2: Pourquoi cette protubérance arrière de la coque sur laquelle le pataras se fixe? Est-ce à cause de la mécanique de l'axe de barre en dessous? J'aime ce look et c'est aussi plus facile d'installer le safran. La réponse de base à ta question est : "design et efficacité".

Q10: Que penses-tu de nouveaux bateaux tells le Sedici ou leVenti, ou le V11? (Points positifs, points négatifs)

Je suis désolé, mais je ne suis pas en position de parler des autres fabricants. Nous avons au sein de Sailboat RC une règle interne contre toute critique ou toute publicité vis à vis des autres voiliers radio commandés. Nous n'avons tout simplement pas le temps de les essayer chacun. Si j'avais navigué au moins 30 jours avec un bateau pour mieux le connaître, je pourrais justifier une opinion…

Q11: Zvonko, et tes voiles 3D? A part la forme parfaite due à la technique du moulage, est-ce qu'elles ont un plus par rapport aux voiles classiques à laizes? Est-ce que tu penses que les différents profils des meilleurs mondiaux sont différents?

Les voiles 3Dmf de Sailboat RC ont une plus grande variété de formes et elles sont plus légères car il n'y a pas le chevauchement des laizes. Elles sont donc uniques et ce n'est pas un hasard si le deuxième slogan le plus utilisé sur notre site est : "Avec nos voiles nous écrivons des vers." (Le premier slogan est : "notre passion est notre profession!"). C'est vous dire ce que l'on pense de la qualité de nos voiles et de leurs avantages! J'ajouterais un petit détail qui fait partie des "plus" : tu peux virer facilement dans les petits airs.

Q10: Zvonko et l' IOM. Combien de fois t'entraines-tu chaque semaine?

Je m'entraine deux fois par semaine mais seulement un ou deux mois avant une grande épreuve. Nos épreuves en Croatie ne sont pas très importantes (A cause de notre petit pays qui n'a que 4 millions d'habitants, au total.) De fait, je ne peux pas m'entrainer vraiment et pratiquer sur de grosses épreuves avec + de 70 bateaux. Mais mes chers 4 collègues Croates sont talentueux bien sûr et je réussi à avoir autour de moi un petit groupe de très bons concurrents. Le problème reste qu'en tant que co-fondateur de Sailboat RC, je n'ai pas trop le temps, il y a des tas de choses à organiser et développer et mes entrainements en pâtissent, en quantité et en durée. Comment est-ce que tu gères les paramètres "vitesse et "manœuvre"? (Test de vitesse à deux bateaux, par exemple? Entrainements thématiques : virements, empannages etc?) Pour la vitesse, il faut avoir un deuxième bateau en référence, pour les manoeuvres tu peux t'entrainer seul, si tu es assez passionné de voile radio commandée, et que tu as la volonté d'apprendre et de progresser. Mais un point clef ressort içi, tu dois, je dirais, être une personne qui sait analyser les choses. Comment est-ce que tu es sur que ton bateau a la vitesse dans chaque type de temps et de clapot? Tu ne l'es pas… Mais tu dois faire au mieux et comparer avec les autres. Il faut aussi, quand tu as trouvé un bon réglage, le mettre par écrit. Cela te donne des idées et t'aide pour leur précision, tu peux ainsi collecter plus de données encore et cela aide pour t'améliorer. Le K2 se barre comme n'importe quel autre petit quillard, ce qui marche dans certaines conditions marchera pour le K2. C'était mon objectif quand je l'ai développé. Est-ce que tu utilises tous les réglages possibles fournis par ton émetteur? (Variation vitesse winch, angles de barre préréglés, courses, etc…) J'utilise l'exponentielle sur le safran. Une préparation mentale pour la compétition? Il faut te concentrer au maximum. Le yoga et la méditation peuvent aider en général, je suppose. Des soucis peuvent diminuer ton mental, ton cerveau cherchant à résoudre différents problèmes en arrière plan, le pire c'est que tu ne t'en rends même pas compte!

Q11: Le barreur et le bateau. Est-ce que tu penses que tu pourrais être champion du monde avec un autre bateau dans les mains?

Il est difficile à dire avec certitude ce qui se passerait si je barrais des bateaux qui ne sont pas de Sailboat RC ! Mais depuis que je navigue avec mon K2, je n'ai perdu aucun championnat majeur, alors qu'avec d'autres bateaux cela avait été le cas! Je rajouterais qu'Ante a obtenu d'excellents résultats depuis qu' il est passé en K2, aussi. Les 5 mondiaux t'amènent à courir contre des gars étonnants, la compétition y est très forte. Quel est en pourcentage, la part du barreur versus du bateau et des voiles? On a besoin du barreur et du bateau. Pour donner un exemple, à Pierrelatte, c'est plutôt moi qui ait fait la différence quand le vent était instable, alors que le K2 n'avait encore que quelques mois. Ensuite, avec Ante on a passé plus de temps à naviguer avec le K2 et il est devenu plus rapide. Nous avons eu en Croatie et maintenant au Brésil des moments où les bateaux eux-mêmes en ont plus fait que les barreurs. Les deux choses ont un rôle à jouer et on ne peut pas se contenter de donner un % à l'une ou l'autre (Barreur vs Bateau) Q12: L'avenir de l'IOM Penses-tu que nous aurons des bateaux encore plus rapides (Meilleurs dessins)? Tout à fait, les IOM et la façon de les mener s'améliorent constamment. L'innovation demande du temps et des ressources… Attendons de voir ce que l'avenir nous réserve! Et les IOM fabriqués en impression 3D? C'est sympa pour faire joujou dans ton garage, mais ce n'est pas assez solide. Le ratio Poids / Epaisseur du plastique n'est pas aussi bon que celui de l'époxy avec la fibre de verre. Si l'on parle de grandes compétitions et de grands résultats, je ne pense pas qu'ils soient compétitifs pour le moment, non. Une suggestion pour faire évoluer les règles de la classe IOM? J'aimerais bien pouvoir utiliser des têtières carrées sur les trois gréements. On a besoin de plus de chevaux dans les petits airs et on n'utilise pas assez les petits jeux. Cela bénéficierait aux trois jeux de voile et ce ne serait pas difficile à mettre en œuvre. On pourrait dire, par exemple, que pour les règles de classe 2022 les têtières carrées sont autorisées et que toutes les voiles d'ancienne génération restent légales, c'est tout. Un autre aspect de ces voiles, c'est qu'elles sont cool et modernes, l'IOM doit se développer comme une classe moderne et attirer de nouveaux pratiquants, sous peine de lentement disparaître

G. Ceccarelli

 

1)    Que préfères-tu? Naviguer ou dessiner?

 

J'ai commencé à naviguer à l'âge de 6 ans, j'ai disputé plein de régates avec de bons résultats de niveau national en dériveur FJ, 420 Europe, Strale. J'ai remporté des championnats nationaux puis j'ai couru en IOR, avec un titre national Italien, comme barreur. Et puis j'ai réalisé que je devais faire un choix, bien que j'aie navigué en Snipe plusieurs années après la coupe de l'America. Maintenant je fais beaucoup moins de régates, et c'est surtout pour essayer mes bateaux que je dessine. J'ai aussi fait de la VRC plusieurs années et me suis bien amusé à l'occasion avec des amis. Mais en ce moment, sans compétition il faut tout de même s'entrainer et je n'en ai pas vraiment le temps. J'aime bien aussi supporter les skippeurs de mes plans, à distance. A l'avenir, peut-être, je reviendrai sur l'eau, j'ai mon IOM à la maison et j'attends que Pepe m'envoie mon Sedici qui sera bleu clair.

 

2)    Quand as-tu commence à dessiner tes propres plans IOM (VRC), dans quelles circonstances?

 

J'ai dessiné mon premier IOM en 2007, c'était un bateau en bois construit par William Mazzoti qui me l'a expédié à Valence où je me trouvais en tant qu'architecte principal du défi +39 Challenge dans la Coupe America. Graham Bantock m'a aussi monté un Jeu A complet. Je n'ai pas eu le temps de le tester en Espagne à l'époque, trop pris par le travail.

Par ailleurs j'ai aussi dessiné des "M" pour la VRC, ils ont été construits en Italie, il y a quelques années de cela. A l'époque ils ont bien marché, remporté même des championnats nationaux.

 

3)    Ton Venti est un vrai succès international, comment l'expliques-tu?

 

J'ai fait un bon projet débuté quelques années plus tôt avec le SEDICI. Un bateau très bien construit par Pepe Vinaixa qui a respecté le dessin très précisément et très bien mis au point par Guillermo Beltri. Il m'a donné ses ressentis pour améliorer le bateau au fil des années. Le Championnat a montré que le Venti était rapide dans le vent léger et le vent fort. Chacun a fait du très bon boulot. Je veux féliciter Olivier Cohen qui a dominé le championnat du monde du début à la fin. Un autre Français aurait dû monter sur le podium, c'est Romain Dubreuil. Il était dans les 3 premiers jusqu'à la première régate du dernier jour où une disqualification l'a écarté du podium. Guillermo Beltri a aussi fait un très bon championnat, il est champion du monde en "Master".

 

4)    On a découvert tes dessins en IOM avec le SEDICI. Quelles sont les nouveautés apportées au nouveau dessin du VENTI?

 

Le SEDICI reste un bon dessin, je voulais l'améliorer dans de la brise et du clapot sans perdre en performances dans les petits airs. Au final, ce sont deux bateaux différents du même architecte. On a d'abord utilisé les mêmes appendices que ceux du SEDICI, puis on a dessiné de nouveaux appendices au Venti qui devaient l'améliorer sur certains points…

 

5)    Comment est-ce que tu réfléchis tes dessins en VRC ? (Qu'est-ce qui est important ? Le profil des appendices? Le poids de la coque? La rigidité? La Raideur? L'Aérodynamique? Etc…)

 

Le dessin d'un IOM demande la même approche et la même technique que celle d'un bateau grandeur. Il faut tout prendre en compte dans le dessin, il n'y a pas un détail plus important qu'un autre, tout doit être parfaitement optimisé en termes d'hydrodynamique et d'aérodynamique. La réalisation doit respecter exactement le plan aussi.

Ces dernières années on a fait attention à tous ces aspects, on a fait beaucoup d'essais et de régates pour valider. J'ai eu des retours de Guillermo Beltri mais aussi d'autres comme Olivier Cohen, Romain Dubreuil, Xavier Ligier, Pierluigi Puthod en Italie, aussi. Je suis toujours en contact avec eux et tous ceux qui ont besoin d'avis.

 

6)    Peux-tu nous dire comment tu travailles avec Beltri pour mettre au point tes nouveaux dessins?

 

Mes contacts avec Guillermo Beltri datent du début du projet SEDICI que j'ai piloté. Pepe Vinaixa a construit quelques coques pour voir ce que cela donnait. Ça a très bien marché au point qu'on a failli remporter le championnat d'Europe dès son lancement. Le bateau a été produit en série ensuite.

J'ai beaucoup d'estime pour Guillermo, pour Pepe aussi, ce sont de très bons amis.

 

7)    Est-ce que tu utilises des logiciels de dessin avec différents nombres de Reynolds pour comparer les VPP (Velocity Predict Program) ?

 

Je n'utilise pas le VPP du cabinet pour dessiner des IOM. Les données sont trop différentes de celles d'un bateau grandeur. Il y a un effet d'échelle aussi vis-à-vis des vagues.

Au contraire, j'ai fait des recherches approfondies sur les meilleurs profils pour les appendices, en particulier sur la quille et le bulbe, en utilisant la CFD (Computational Fluid Dynamic).

Les appendices du VENTI en sont issus. On fait des recherches aussi sur des VPP basées sur le CFD. Ce n'est pas une tâche facile parce qu'il faut que les données numériques soient cohérentes avec celles de la poussée vélique sur les voiles selon la gîte.

 

8)    Des avis ou commentaires à nous faire sur le V11, le Kantum2 ou le Britpop?

 

Ce sont trois bons bateaux très utilisés ces dernières années par de très bons skippeurs.

 

9)    Penses-tu qu'un bouchain bien dessiné et angulé peut donner de la raideur à un IOM, voir de la vitesse, à largeur à la flottaison égale avec un bateau sans bouchain.

 

Le bouchain sur l'avant de la coque apporte de la raideur au bateau, c'est important dans la brise. Avec le VENTI, j'ai aussi dessiné un pont avec un dessin qui minimise le fardage et la trainée à des angles de gîte élevés.

 

 

10) Quel avenir pour l'IOM ? (La VRC aussi)

 

° Est-ce que tu penses qu'on trouvera des bateaux plus rapides dans les années à venir (Meilleurs plans?)

C'est une très belle classe, c'est la Formule 1 de la VRC. C'est la plus belle actuellement. Le VENTI est maintenant produit en série en Nouvelle Zélande en co-licence avec Pepe Vinaixa et moi.

Je ne vois pas de développements importants sur ce plan pour le moment, ce qui ne nous empêche pas de réfléchir à des améliorations.

Les voiles sont quelque chose de très important, elles génèrent de la traction et de la gîte. Le VENTI avec ses caractéristiques et ses appendices n'accepte pas toutes les "formes" de voile.

Pour répondre à la question plus haut, comme dans tout sport, on ne arrêter le progrès. Je réfléchis déjà à un prochain IOM, mais je ne sais pas quand est-ce qu'il sortira. J'ai toujours de nouveaux bateaux en tête, c'est mon métier et mon état d'esprit, "ne jamais s'arrêter"!

 

 

 

° Quelles recherches seraient à engager et dans quelles directions?

 

J'ai une bonne base avec le VENTI et le SEDICI aussi. Il faut que je dessine un plan plus rapide ou plus facile à barrer, qui soit manœuvrant dans toutes conditions et vire vite. Sur le plan de la construction nous cherchons s'il y a de la marge de progression aussi. J'essaye toujours aussi de récupérer les infos des skippeurs sur leurs besoins d'amélioration.

 

° Est-ce que tu penses que d'autres matériaux que le PE pourrait être avantageusement utilisé chez les IOM? (Bois, Alu, nouvelles résines type EliumR) Des recherches en ce sens ?

 

Si tu veux un bateau qui gagne, seule la construction en composite avec moule femelle et appendices carbones produits avec un moule taillé dans la masse seront retenus. Je ne vois pas d'autres matériaux possibles. Le bois est encore intéressant, il y a quelques exemplaires de mon dessin "Adriatic" construits avec ce matériau. Mais au final le composite donne des bateaux plus raides là où il le faut, ce qui fait la différence dans de la brise avec du clapot.

 

° Et les IOM imprimés en  3D ?

Je ne connais pas tout de cette technologie, peut-être qu'à l'avenir je ferai un nouveau dessin qui pourra être produit en série avec la 3D et avec rigueur. Les appendices devront être en composite carbone.

 

° Un souhait quant à l'évolution de la jauge de notre classe?

Peut-être que  des mâts en carbone sont à tester, avec une section circulaire toujours. Cela nous donnerait des mats plus raides qui vieilliraient mieux.

On pourrait aussi changer le tirant d'eau, qui pourrait être porté à 450 mm. On obtiendrait ainsi un bateau plus raide pour un mât carbone.

Ces deux changements devraient pouvoir  être effectués sur des bateaux anciens

 

Merci Giovanni !

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