Interview GCeccarelli
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- Catégorie : Voile Radio Commandée
- Publié le vendredi 6 décembre 2024 16:05
- Écrit par Chorus
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G. Ceccarelli
1) Que préfères-tu? Naviguer ou dessiner?
J'ai commencé à naviguer à l'âge de 6 ans, j'ai disputé plein de régates avec de bons résultats de niveau national en dériveur FJ, 420 Europe, Strale. J'ai remporté des championnats nationaux puis j'ai couru en IOR, avec un titre national Italien, comme barreur. Et puis j'ai réalisé que je devais faire un choix, bien que j'aie navigué en Snipe plusieurs années après la coupe de l'America. Maintenant je fais beaucoup moins de régates, et c'est surtout pour essayer mes bateaux que je dessine. J'ai aussi fait de la VRC plusieurs années et me suis bien amusé à l'occasion avec des amis. Mais en ce moment, sans compétition il faut tout de même s'entrainer et je n'en ai pas vraiment le temps. J'aime bien aussi supporter les skippeurs de mes plans, à distance. A l'avenir, peut-être, je reviendrai sur l'eau, j'ai mon IOM à la maison et j'attends que Pepe m'envoie mon Sedici qui sera bleu clair.
2) Quand as-tu commence à dessiner tes propres plans IOM (VRC), dans quelles circonstances?
J'ai dessiné mon premier IOM en 2007, c'était un bateau en bois construit par William Mazzoti qui me l'a expédié à Valence où je me trouvais en tant qu'architecte principal du défi +39 Challenge dans la Coupe America. Graham Bantock m'a aussi monté un Jeu A complet. Je n'ai pas eu le temps de le tester en Espagne à l'époque, trop pris par le travail.
Par ailleurs j'ai aussi dessiné des "M" pour la VRC, ils ont été construits en Italie, il y a quelques années de cela. A l'époque ils ont bien marché, remporté même des championnats nationaux.
3) Ton Venti est un vrai succès international, comment l'expliques-tu?
J'ai fait un bon projet débuté quelques années plus tôt avec le SEDICI. Un bateau très bien construit par Pepe Vinaixa qui a respecté le dessin très précisément et très bien mis au point par Guillermo Beltri. Il m'a donné ses ressentis pour améliorer le bateau au fil des années. Le Championnat a montré que le Venti était rapide dans le vent léger et le vent fort. Chacun a fait du très bon boulot. Je veux féliciter Olivier Cohen qui a dominé le championnat du monde du début à la fin. Un autre Français aurait dû monter sur le podium, c'est Romain Dubreuil. Il était dans les 3 premiers jusqu'à la première régate du dernier jour où une disqualification l'a écarté du podium. Guillermo Beltri a aussi fait un très bon championnat, il est champion du monde en "Master".
4) On a découvert tes dessins en IOM avec le SEDICI. Quelles sont les nouveautés apportées au nouveau dessin du VENTI?
Le SEDICI reste un bon dessin, je voulais l'améliorer dans de la brise et du clapot sans perdre en performances dans les petits airs. Au final, ce sont deux bateaux différents du même architecte. On a d'abord utilisé les mêmes appendices que ceux du SEDICI, puis on a dessiné de nouveaux appendices au Venti qui devaient l'améliorer sur certains points…
5) Comment est-ce que tu réfléchis tes dessins en VRC ? (Qu'est-ce qui est important ? Le profil des appendices? Le poids de la coque? La rigidité? La Raideur? L'Aérodynamique? Etc…)
Le dessin d'un IOM demande la même approche et la même technique que celle d'un bateau grandeur. Il faut tout prendre en compte dans le dessin, il n'y a pas un détail plus important qu'un autre, tout doit être parfaitement optimisé en termes d'hydrodynamique et d'aérodynamique. La réalisation doit respecter exactement le plan aussi.
Ces dernières années on a fait attention à tous ces aspects, on a fait beaucoup d'essais et de régates pour valider. J'ai eu des retours de Guillermo Beltri mais aussi d'autres comme Olivier Cohen, Romain Dubreuil, Xavier Ligier, Pierluigi Puthod en Italie, aussi. Je suis toujours en contact avec eux et tous ceux qui ont besoin d'avis.
6) Peux-tu nous dire comment tu travailles avec Beltri pour mettre au point tes nouveaux dessins?
Mes contacts avec Guillermo Beltri datent du début du projet SEDICI que j'ai piloté. Pepe Vinaixa a construit quelques coques pour voir ce que cela donnait. Ça a très bien marché au point qu'on a failli remporter le championnat d'Europe dès son lancement. Le bateau a été produit en série ensuite.
J'ai beaucoup d'estime pour Guillermo, pour Pepe aussi, ce sont de très bons amis.
7) Est-ce que tu utilises des logiciels de dessin avec différents nombres de Reynolds pour comparer les VPP (Velocity Predict Program) ?
Je n'utilise pas le VPP du cabinet pour dessiner des IOM. Les données sont trop différentes de celles d'un bateau grandeur. Il y a un effet d'échelle aussi vis-à-vis des vagues.
Au contraire, j'ai fait des recherches approfondies sur les meilleurs profils pour les appendices, en particulier sur la quille et le bulbe, en utilisant la CFD (Computational Fluid Dynamic).
Les appendices du VENTI en sont issus. On fait des recherches aussi sur des VPP basées sur le CFD. Ce n'est pas une tâche facile parce qu'il faut que les données numériques soient cohérentes avec celles de la poussée vélique sur les voiles selon la gîte.
8) Des avis ou commentaires à nous faire sur le V11, le Kantum2 ou le Britpop?
Ce sont trois bons bateaux très utilisés ces dernières années par de très bons skippeurs.
9) Penses-tu qu'un bouchain bien dessiné et angulé peut donner de la raideur à un IOM, voir de la vitesse, à largeur à la flottaison égale avec un bateau sans bouchain.
Le bouchain sur l'avant de la coque apporte de la raideur au bateau, c'est important dans la brise. Avec le VENTI, j'ai aussi dessiné un pont avec un dessin qui minimise le fardage et la trainée à des angles de gîte élevés.
10) Quel avenir pour l'IOM ? (La VRC aussi)
° Est-ce que tu penses qu'on trouvera des bateaux plus rapides dans les années à venir (Meilleurs plans?)
C'est une très belle classe, c'est la Formule 1 de la VRC. C'est la plus belle actuellement. Le VENTI est maintenant produit en série en Nouvelle Zélande en co-licence avec Pepe Vinaixa et moi.
Je ne vois pas de développements importants sur ce plan pour le moment, ce qui ne nous empêche pas de réfléchir à des améliorations.
Les voiles sont quelque chose de très important, elles génèrent de la traction et de la gîte. Le VENTI avec ses caractéristiques et ses appendices n'accepte pas toutes les "formes" de voile.
Pour répondre à la question plus haut, comme dans tout sport, on ne arrêter le progrès. Je réfléchis déjà à un prochain IOM, mais je ne sais pas quand est-ce qu'il sortira. J'ai toujours de nouveaux bateaux en tête, c'est mon métier et mon état d'esprit, "ne jamais s'arrêter"!
° Quelles recherches seraient à engager et dans quelles directions?
J'ai une bonne base avec le VENTI et le SEDICI aussi. Il faut que je dessine un plan plus rapide ou plus facile à barrer, qui soit manœuvrant dans toutes conditions et vire vite. Sur le plan de la construction nous cherchons s'il y a de la marge de progression aussi. J'essaye toujours aussi de récupérer les infos des skippeurs sur leurs besoins d'amélioration.
° Est-ce que tu penses que d'autres matériaux que le PE pourrait être avantageusement utilisé chez les IOM? (Bois, Alu, nouvelles résines type EliumR) Des recherches en ce sens ?
Si tu veux un bateau qui gagne, seule la construction en composite avec moule femelle et appendices carbones produits avec un moule taillé dans la masse seront retenus. Je ne vois pas d'autres matériaux possibles. Le bois est encore intéressant, il y a quelques exemplaires de mon dessin "Adriatic" construits avec ce matériau. Mais au final le composite donne des bateaux plus raides là où il le faut, ce qui fait la différence dans de la brise avec du clapot.
° Et les IOM imprimés en 3D ?
Je ne connais pas tout de cette technologie, peut-être qu'à l'avenir je ferai un nouveau dessin qui pourra être produit en série avec la 3D et avec rigueur. Les appendices devront être en composite carbone.
° Un souhait quant à l'évolution de la jauge de notre classe?
Peut-être que des mâts en carbone sont à tester, avec une section circulaire toujours. Cela nous donnerait des mats plus raides qui vieilliraient mieux.
On pourrait aussi changer le tirant d'eau, qui pourrait être porté à 450 mm. On obtiendrait ainsi un bateau plus raide pour un mât carbone.
Ces deux changements devraient pouvoir être effectués sur des bateaux anciens
Merci Giovanni !
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