Morningtown ou l'histoire des Morning
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- Catégorie : One Tonner
- Publié le dimanche 8 septembre 2019 07:41
- Écrit par Chorus
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MORNINGTOWN ou l'histoire des Morning |
Tout a commencé en début de semaine alors que je naviguais sur internet à la recherche de bons souvenirs de voile... Je tombais sur une page Facebook sur la restauration complète de Morningtown. Voulant en connaître plus sur ce One tonner, je tombais sur le site d'un passionné et de son Morning 34, qui expliquait que le propriétaire Anglais de Morningtown était à l'origine du chantier qui a produit le Morning 34!
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Merci à François Bellat et à Robert Koerts dont j'ai repris et transcrit presque toutes les informations qui vont suivre.
Michael Winfield a été le premier propriétaire de Morningtown, plan S&S et prototype de 36 pieds de long, en bois moulé. C'est le dessin N°1948 de S&S de 1967, axé sur la jauge du RORC avec un rating de One Tonner de l'époque. Il gagnait la North SEa Race en classe III, ainsi que la West Mersea Zeebruge et le Fastnet. Il finissait aussi 1er toutes classes à Cowes Dinard. Son rapport lest / déplacement est de 50%, ce qui en faisait un bateau très rapide au près dans 25 noeuds de vent, Olin Stephens estimait même son angle de gîte optimal à 23,5 degrés! Sa restauration en Hollande va débuter en 2015, sous les mains expertes des Koerts père et fils. Il sera prêt à disputer les régates classiques en 2016. |
Grands génois à 150% et spi portés très haut dans le Solent |
Très beau portrait signé Beilken. On remarquera que les winch quittent le mât et son placés à plat pont. Les winch de génois sont devant le cockpit, sur le milieu du roof, disposition chère à Rod Stephens. |
On voit sur cette photo que le bateau a été racheté ensuite par un Hollandais, ce qui cohérent avec sa nouvelle restauration qui a été faite par un Hollandais, Mr Robert Koerts
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On voit içi à quel point la carène était frégatée... Les extrémités étaient très pincées et la carène très disymétrique dès que la gîte dépasse les 25°
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Le pont en teck participait au positionnement des poids au dessus du centre de gravité, de façon à obtenir un bon CGF (coef. mesurant la stabilité du bateau selon la jauge)
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On remarquera combien le safran était incliné vers l'arrière et peu compensé. Cela donnait un "toucher de barre" exceptionnel! dans le petit temps mais très dur dans la brise sous spi ou trop gîté.
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Et puis, Michael Winfield, fort de ses succès en course avec son Morningtown décidait de lancer dans la construction de yacht de course croisière en polyester/fibre de verre, sur base d'un plan S&S 34 qui devait être aussi performant et marin. La société Winfield ans Partners voyait le jour à Rochester, Angleterre. Le S&S était conçu sous une jauge RORC vieillissante et l'arrivée de la nouvelle IOR. Stephens le concevait pour être à la limite inférieure de la classe III du RORC (27 pieds de Rating) et classe IV IOR, pour pouvoir se battre, entre autres, avec les Tina de Dick Carter. Il obtenait l'exclusivité de sa fabrication pour l'Angleterre. Olin Stephens en dira : "Nous espérons et sommes surs que le S&S 34 sera un bon bateau de course croisière, preuve que dans un petit yacht, on peut avoir un bon bateau de course au large aussi bien qu'un bon bateau de croisière." En novembre 1968 Winfield déclarait : beaucoup de clients me demandent s'il n'y a pas des similitudes entre les lignes de Mornington et celles du nouveau S&S 34, je pense qu'ils sont dans le vrai, il y en a ! Ce n'est pas évident si l'on regarde bien les deux plans, mais ils ont été dessinés par le même cabinet d'architecte, à la même époque, c'est donc très loqique! Personnellement je ne pense que S&S soient partis des plans de Morningtown, nous verrons plus loin les différences notables. Je pense aussi que c'est le fait que ce soit le propriétaire de Morningtown qui ait produit en série le S&S34 qui a donné cette origine au Morning 34. La construction des S&S commence donc, en 1968, à Rochester, et le carnet de commande est rempli jusqu'au printemps 1969. Le S&S 34 est présenté au Boat Show, à Londres, en Janvier 1969. Le carnet de commande est empli jusqu'au printemps 1969.
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Et puis ce sera la rencontre, à ce salon, d'Edward Heath et du S&S 34... J'ai repris la page écrite des mains mêmes d'Edward Heath (Sailing, a course of my life) pour l'expliciter.
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Voyons maintenant les caractéristiques de ce 34 pieds, d'après des documents de l'époque :
Cliquez içi pour une vue 3D de la carène
Plan de coque du S&S 34 reconstitué par l'Atelier des Petits modèles du Musée Maritime de La Rochelle.
Les Morning 34 produits et exportés : Michael Winfield & Partners fut déclaré en faillite dès fin 1969 et les deux moules furent vendus à Aquafibre International (Angleterre) et Swarbrick (Australie). Stephens nous dira de cette essai Winfield : " Il a créé une affaire en Angleterre, je ne sais pas bien combien de bateaux il a construit. Une douzaine environ? Ce n'était pas un constructeur naval de formation, et il a été obligé d'arrêter de produire. Les moules et le matériel d'usinage ont été vendus à quelques autres chantiers qui ont ensuite continué la production de leur côté."
Les deux premiers bateaux, sortis des moules de chez Windfield & Partners, auront d'ailleurs des problèmes d'assiette. Keith Graham, employé motivé et très impliqué dans la réalisation du mannequin et du moule du bateau nous aura déclaré, âgé de plus de 65 ans maintenant, mais avec une mémoire intacte et émue :
Ensuite Aquafibre à Norfolk, suite à la première crise pétrolière cessa la production du Morning 34, et les moules furent détruits en 1976. On estime la production Anglaise entre 65 et 70 exemplaires. En Australie, Swarbrick construisait 34 bateaux entre 69 et 84. Les moules ont ensuite été revendus à Maybrook, en 86, qui a produit 4 bateaux supplémentaires au cours des trois années suivantes. Aux USA, il fut importé et vendu sous le nom de Johnson Palmer 34. C'est la version avec grand gréement qui a été seule importée d'Angleterre aux Etats Unis, Mesure du "I" plus grande de 2'6". En France : le chantier Vaneck obtient la promotion non exclusive du bateau en France. Il le présente au salon nautique de Paris, en 1971. Dans un article des Cahiers du Yachting, Lucien Vaneck nous présentait de façon très moderne et avec sa conviction sincère et chaleureuse, les choix de ses sélections de voiliers vendus par son chantier (NDLR: j'ai personnellement rencontré Lucien Vaneck qui jouait les recruteurs pour courir sur Pen Duick VI pour la Middle Sea Race à Malte, je garde encore un souvenir très reconnaissant de cette rencontre sur son ketch Cornu avec Tabarly. c'était un passionné de voile qui aimait rendre service à ses nombreux amis.
FIN |
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