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Breyell II

 

Breyell II

 

B.Chance à la conquête de la One Ton Cup

Lors de visites à Breskens, face au chantier Maas

je remarquais un bateau aux lignes très pures

et modernes pour l'époque : c'était Breyel II

qui se préparait pour la One Ton Cup 1968....

 

 

 

Ce sont les souvenirs forts de ce bateau et un peu de

 recherche sur le Web qui m'ont permis d'en faire

 une demie coque aussi fidèle que possible

tout en écrivant cet article.... 

 

Tout commence avec un bateau nommé "De schelde", à la One Ton Cup 1966. C'est André Nélis qui skippe le bateau, c'est un Giraglia conçu par André Mauric. Il a remarqué ses performances dans d'autres eaux avec le collaborateur de Mauric, J.Gaubert comme skipper au Havre, et voudrait en faire une vitrine des voiles Gaastra qu'il promotionne. Le nom "De Schelde" vient tout simplement du nom du fleuve Escaut en Néerlandais. (Les Giraglia ayant couru la One Ton Cup au havre se dénommaient Alcatraz et Giraglia.)

 

Le bateau ne fera pas d'étincelles et il décidera de revenir en 1967 avec un bateau original du crayon de Britton Chance, de 22 pieds RORC, rating des One Tonner de cette époque. Ce bateau s'appellera tout naturellement "De Schelde II". Afin de mettre un maximum de "chance" de son côté, il skippera son bateau avec à bord B.Chance lui même et Mr Gaastra. C'est un bateau au frégatage très prononcé. Ces lignes très particulières en demi cercle au bau maximum sont une première interprétation de la jauge RORC. B.Chance est un des premiers, comme dans beaucoup de ses dessins de protos, à avoir trouvé cette exploitation de la jauge. Il abandonnera cette idée les années suivantes alors que S&S et Mauric s'y donneront à fond jusqu'à l'arrivée de Carter puis Peterson.

 

En pratique ce frégatage permet d'avoir un bateau plus large au dessus de la flottaison au Bau maximum. A plat le bateau a moins de surface mouillée que son bau maximum pourrait le faire croire à la jauge. (Voir la galerie des One Tonner où certains bateaux de ce type y figurent sur notre site.) De Schelde II fera 5ème au Havre, devant Esprit de Rueil, excusez du peu :). Une bonne navigation régulière mais un manque de vent, pour ce premier plan RORC de Chance, ne permettra pas vraiment de savoir ce que le bateau a dans le ventre.

 

 

Comme on peut le voir sur cette mauvaise photo, le frégatage est prononcé, le plan de voilure élancé avec un seul étage de barres de flèche situé assez bas, à 50% environ de la longueur totale du tube. C'est aussi une des signatures de Chance, on la retrouve sur les Chance 37 et sur ses plans pour le RORC par après. Il a une allure de cuirassé Russe... Nous n'avons pas retrouvé de plan des oeuvres vives de ce canot, mais nous en reparlerons plus longuement avec Breyel II. On remarquera aussi cette tendance a disposer d'une bôme très courte et haute, avec une grand voile de petite surface et des génois au recouvrement maximum.

 

      Longueur H.T : 11,35 m

       Longueur flottaison : 8,32 m

       Bau Max : 3,05 m

     Tirant eau : 1,95 m

 

Par contre Nelis et Chance repartent en campagne l'année suivante et mettent en chantier Breyell II. Breyell est une bourgade de 8.000 habitants à la frontière Allemande, c'est probablement de là que vient ce nom de baptême.

Comme pour beaucoup de protos  de cette époque, Chance passe commande du bateau aux chantiers Maas, à Breskens. Avant lui, Hood et Carter collaborent avec Robin ou Tina. Le bateau sera en acier, gage de solidité pour l'architecte qui veut encore repousser quelques limites sur les rapports de lest et la surface mouillée. Voici ses caractéristiques :

 

Longueur H.T : 11,35 m

Longueur flottaison : 8,47 m

Bau Max : 3,18 m

Tirant eau : 1,95 m

 

 

 

 Le safran est profond et incliné en arrière, ce qui diminue la compensation sur sa partie basse et le rend plus "ferme". Un bustle se termine à la jaumière et démarre pratiquement derrière le trimmer.

 

La quille est très inclinée sur l'arrière (Comme chez A.Mauric) avec un trimmer de grande surface, comme en 5.5 JI ou comme Tina. La surface quille trimmer reste tout de même plus réduite que celle de ses concurrents.

 

Breyell est plus long à la flottaison que De Schelde, de 15 cm, et plus large aussi (Le frégatage de De Schelde a pratiquement disparu). La grand voile ne fait qu'un peu plus de 16 m2, la bôme est très haute et la bordure de GV très étroite. Le RORC taxe moins la surface de voilure de la grand voile que celle des génois, car les recouvrements sont de plus de 150% d'une surface de triangle avant comptée pour 34 m2.....  La quille a été avancée et fera prédire à un journaliste spécialisé que le bateau ne fera pas de cap au près par petit temps .... Le moteur est très léger (Saab 20 CV) et situé en pied de mât. La transmission est hydraulique et l'arbre d'hélice sortira sur un flanc du bustle, à babord. Son capot fait office de table à carte. Les cadènes sont rentrées de façon a rentrer les génois pour plus de cap au près. Le pont et le roof sont en contreplaqué.

On a içi les ingrédients principaux déjà de son successeur le Chance 37 qui était si rapide aux allures de largue. J'ai personnellement régaté contre les Chance 37 Marie Vorgan skippée par Daniel Gilard et Poulico d'Arcachon. Le seul point faible de ces carènes était le petit temps. C'est amusant de noter que Carter après Tina et Optimist a développé aussi Ydra qui a donné le Carter 37 alors que parallèlement Chance développait le Chance37 après Breyell II. Après Cybèle et le Swan 36, S&S développait le Swan 37 à cette même époque. La jauge du RORC ne débouchait pas sur de si mauvais bateaux de croisière !

La seule différence entre les protos et les bateaux de séries était le choix du matériau de construction et le devis global du déplacement. Par rapport à une coque en acier ou en aluminium, ou même en bois moulé, le polyester manquait de rigidité. Même avec un vérin hydraulique costaud sur le pataras, on ne pouvait pas avoir un étai assez rectiligne dans la brise. Si l'on pompait à l'extrême, c'est la coque qui bananait et le creux ne se réduisait pas.

Pour rester avec B.Chance et la question des matériaux de construction, H.Wauquiez m'a raconté, à bord d'un des premiers Chance 37 construits par ses soins, Scarlett O'Hara de l' équipe Belge pour l'Admirals Cup, qu'ils avaient eu des soucis de quille. En effet la quille se raccordait sur la coque par une petite surface plate qui transmettait des efforts de rappel que le bateau ne supportait pas. Aussi, la quille vrillait le fond de la carène dès que le couple de rappel devenait important. Certains Chance 37 qui avaient talonné en Méditerranée avaient été à deux doigts de perdre leur quille ! Le chantier dû s'y reprendre à deux fois sur sa production en rajoutant des araignées sur les fonds, dans la zone d'effort de la quille.

Breyell II sera pris en main par son équipage que peu de temps avant le début de la One Ton Cup 1968, à Heligoland. Elle sera remportée brillamment par Optimist pour la deuxième fois consécutive. Beaucoup de nouveaux plans, comme Breyell II ou Kerkyra de S&S souffraient de mise au point au début des épreuves. Breyell II fera 7, 16, DSQ, 2 et 4. Il sera disqualifié sur la 3ème manche car il avait changé un de ses équipiers sans en faire la notification au comité de course. Ses très belles places sur les manches 4 et 5 ont tout de même démontré le très bon potentiel de ce bateau. B.Chance devra attendre 1976 pour remporter la One Ton Cup avec son dériveur Resolute Salmon, à Marseille en France, mais c'est une autre histoire.

 

Sur la demie coque du bateau ci dessous ,on ajoutera quelques commentaires et questions :

 

Le roof court est très semblable à celui du Tina. Sur des photos du bateau en navigation on peut un certain moment le confondre avec Tina.

Le pont du triangle avant est légèrement bombé et est plus élégant que celui, tout plat, du Tina.

Les volumes sous l'eau sont très dissymétriques. En effet si l'on regarde le point le plus bas sous l'étrave à l'inflexion de la quille, on constate qu'on est beaucoup moins bas que la base de la coque au dessus du trimmer. Celà laisserait supposer que le bau maximum est plus avancé que chez ses concurrents de l'époque ? Seul un plan de forme pourrait nous apporter la réponse. Cette forme particulière sous l'étrave peut se retrouver sur certains 12 MJI, comme Mariner ou Gretel...

 

Qu'est devenu Breyell ? Et bien il a été inscrit à la Transat Classique 2012, et a continué sa cure de jouvence au Chantier Naval du Golfe de Baden (Morbihan, nouvelle quille et nouvelle motorisation, nouveau gréement). Il a retrouvé la fonction pour laquelle Edward De Beukelaer, son premier propriétaire, l'avait commandé à grands frais : la course-croisière.  Aux dernières nouvelles il serait basé dans le golfe du Morbihan.

 

 

 

 

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